Au premier aspect, tout va bien : tapis d'humidité sur les quelques légumes déposés dans le troisième compartiment. Mais dès l'ouverture, on constate une très mauvaise odeur qui se dégage : la matière en putréfaction, signe de compactage, d'absence d'air... et surtout ! OU SONT LES VERS ??

Trois compartiments semblaient indiquer un processus déjà bien engagé, donc une colonie de vers installée, prolifique et productive. Hélas il n'en n'est rien. Exposé en plein soleil, et il a fait chaud cet été ! Le deuxième compartiment réserve de pires surprises, visuelles et olfactives :

Matières tassées à outrance, rien n'est décomposé, le bac du dessous est identique, alors qu'on s'attendait à y trouver essentiellement de la matière noble, riche et très décomposée. Rien de cela ici, juste un tas de légumes et fruits pressés. D'ailleurs, lorsque le robinet a été ouvert (pour laisser passer de l'air), nous avons récolté un jus... de vinaigrette. Une odeur de vomi très prononcé. Quelques vers survivants, mais pas plus, ceux qui ne vont pas tarder à mourir compte tenu du contenu.

Voici exactement ce que vous ne devez pas obtenir, ni laisser faire dans votre lombricomposteur !

A la place, que faut-il faire ? Rappelons ici quelques principes clairs et concis :

  • exposition du lombricomposteur, à l'ombre, au frais, pour ne pas exposer les vers à des températures au dessus de 30°C, sinon mort en masse assurée, avec des odeurs très désagréables, et surtout l'arrêt du fonctionnement faute de vers.
  • ne pas mettre trop de déchets en même temps, attendre que le travail des vers se fasse, ne pas les gaver, et toujours enfouir en un endroit différent les apports sous une couche déjà bien digérée.
  • ne pas commencer un nouveau plateau tant que les matières du précédent ne sont pas suffisamment dégradées
  • ne pas mettre de déchets en sauces, surtout pas de vinaigre, d'huiles de repas, pas d'agrumes, les vers détestent les conditions trop acides
  • ne pas tasser les matières, le nouveau plateau ne doit pas s'appuyer sur la matière, mais sur les ergots prévus à cet effet dans le bac inférieur. La matière soit effleurer le dessous, afin que les vers puissent migrer vers le plateau supérieur.
  • quand on débute un lombricomposteur, il FAUT accepter l'idée que tous les déchets ne pourront pas y être introduits, et il FAUT accepter de jeter à la poubelle normale une part de déchets tant que la colonie de vers n'est pas assez acclimatée ni assez nombreuse pour assurer la dégradation des matières en un temps relativement court.
Savez-vous que ce lombricomposteur avait été mis en place pour une démonstration... ! Quel message va-t-on pouvoir passer avec un échec pareil ? Que va-t-il se passer pour ce lombricomposteur ? Un bon nettoyage, la récupération si possible des derniers vers vivants, on jette tous les déchets dans un compost classique en fermentation, on récure les plateaux, on refait une bonne litière, on remet des vers et on les laisse s'y acclimater au moins deux semaines sans leur donner de nourriture. Puis on commencera par des apports très légers (feuilles de salade) pour progressivement (en fonction de la digestion) augmenter les apports. On mettra le matériel à l'abri des intempéries et des variations de température, et on évitera tous les apports en sauce. Alors seulement, le processus pourra reprendre dans de bonnes conditions.
Si vous voyez des lombricomposteurs dans cet état, ne laissez pas faire. C'est transmettre de mauvais messages que de laisser penser que tout est simple, facile, et... voué à ce genre d'échecs. Corrigez, apprenez aux autres la technique, apportez votre expérience et votre vécu pour que cette technique perdure et s'amplifie. Imaginez que les premiers lombricomposteurs "collectifs" commencent à voir le jour et à être installés dans des copropriétés... que se passera-t-il si les habitants font de la même manière que précédemment ?